Par Rachel Barken (Traduit par Rock-André Blondin)

La situation des personnes âgées en situation d’itinérance est devenue une préoccupation importante pour les chercheurs et les prestataires de services. Prenons comme exemple les personnes qui travaillent dans les refuges. Elles sont confrontées, dans leur pratique quotidienne, à une augmentation croissante de cette population. Or, bien que les décideurs de politiques publiques aient porté une attention particulière à la problématique de l’itinérance dans les dernières années, ils ont principalement concentré leurs efforts à améliorer la situation des adolescents, des jeunes adultes et des jeunes familles. Les avenues suggérées–relatives à l’expérience des jeunes en situation d’itinérance–s’articulent généralement autour des thèmes de l’accessibilité à l’emploi et à l’éducation. Les chercheurs, de leur côté, se sont engagés à adresser les besoins et les défis que rencontrent les personnes âgées en situation d’itinérance, mais nous ne savons toujours pas si ces connaissances sont prises en compte dans l’orientation des politiques publiques.

À un niveau plus global, les politiques canadiennes sur l’itinérance s’organisent autour de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI). C’est donc à travers la SPLI que le gouvernement subventionne et soutient les initiatives locales en matière d’itinérance. Récemment, la SPLI a intégré la politique du «Logement d’abord» par laquelle les personnes en situation d’itinérances obtiennent, en premier lieu, un logement dans lequel elles peuvent vivre pour ensuite recevoir les autres formes de soutiens dont elles ont besoin. Ces orientations proviennent des résultats obtenus par le projet d’envergure nationale At home/Chez soi qui a testé les effets du «Logement d’abord» dans cinq grandes villes canadiennes. Les résultats démontrent que la politique du «Logement d’abord» est efficace pour reloger de larges segments de la population de personnes en situation d’itinérance et que c’est une mesure moins coûteuse que les refuges d’urgence.

En addition à cette réponse globale, s’ajoutent de nombreux projets élaborés un peu partout au Canada et qui proviennent des différents paliers de gouvernement (fédéraux, provinciaux, territoriaux, régionaux et municipaux). L’hétérogénéité de ces réponses reflète l’étendue géographique et sociale du Canada qui, avec ses disparités régionales et locales, transforme la réalité des personnes en situation d’itinérance.

Or, malgré toutes ces initiatives –et malgré l’urgence d’agir pour répondre aux besoins des personnes âgées en situation d’itinérance–nous en savons très peu sur la viabilité de ces stratégies dans un contexte de vieillissement de la population itinérante. Quel est le message global porté par les stratégies canadiennes et que signifie-t-il pour les personnes âgées ? S’attaquer à ces questions pour déterminer quelles sont les réponses qui existent actuellement est la première étape à réaliser afin de mettre en application des politiques et des pratiques qui répondent à leurs besoins. À partir de cela, concevoir et implanter des stratégies rigoureuses–qui sont adaptées à leur réalité– pourrait aider à réduire et ultimement à éliminer l’itinérance chez les personnes âgées.

Aging and Homelessness in Canada – A review of frameworks and strategies